LITTÉRATURE INTERDITE par Dan Albertini
« avant (66) minutes après minuit » ou l`heure haïtienne reconfirmée par Garry Victor
Partir mais revenir avant d’y arriver, une culture d’épilogue où Garry Victor a carrément puisé dans l’œuvre apocalyptique « d’un grand chien blanc ». En Haïti. Comme si l’histoire au quotidien ne suffisait pour démontrer le paradoxe de l’imaginaire réel haïtien. Sam pourtant, son chien mort dans un panier d’après son récit personnel dévoilé au salon, Sam est devenu un personnage qui dépasse la fiction du roman. Lequel roman politique programmé par l’auteur pour dénoncer une situation de corruption. L’erreur de Gary Victor a été de croire en 2016, que son acte allait pénaliser une pratique tandis les personnages, malgré dévorés par un chien blanc géant ou évincé par une crise cardiaque, allaient rendre son roman, croustillant. La base, un chien albinos avait besoin alors d’adversaire mais l’histoire n’y serait du rendez-vous sans ces personnages. Gary Victor a été terrible dans son récit où il fait dévorer : diables, démons, prosélytes, chrétiens, polices, prêtres, hougans, initiés… etc. Gary Victor a même justifié une heure haïtienne à ne pas franchir, par le nombre du diable qui aurait léché le cil du prêtre pris en flagrant délit de, disponible pour un acte non consumé qui lui fera plus de peine que l’acte même. On imagine, dans l’interprétation de la Bible, ce pourquoi on ne sait condamner.
Gary Victor a-t-il péché, livrant le secret de la fin, avant la fin, d’un spectacle ? Deux bandes sampwèl dévorés par le chien albinos, causalité qu’il explique par la chienne en rut abattue par machette. Rage de Sam, l’empereur meurt. GV m’enlève mon imaginaire de lecteur. Le croyant ou l’auteur, l’un des deux aurait trahi le dramaturge chez le metteur en scène qui l’habite. J’ai épilogué aussi condamné, me disant que GV a terminé ici, son récit à ce stade-ci. « Adieu Lisborne vieille cité du Portugal », dirait Sixto (conteur décédé). Non, GV ressuscite l’imaginaire d’une folle course contre la montre où il fait ressusciter à son tour Sully l’albinos qui ne pouvait surtout rester vivant en ce pays, sous aucun prétexte, y compris de son calcul, une fuite effrénée jamais entamée, vers la République Dominicaine. Une faiblesse insulaire : le jeu, fatal. La mort en otage.
La question de la culture de l’épilogue soulevée en sociatrie littéraire haïtienne n’est encore évacuée que Garry Victor l’a reconfirmée post apocalypse, post épilogue. Fin d’année, fin du jour, fin de règne, l’homme haïtien doit renaître. Assassinat de la pensée du père Anicet pour cause de fornication aggravée, il ne l’exécute mais le condamne dans sa conscience, dans son imaginaire, dans sa culture. Le renvoi. Folie, peur, doute, tache indélébile, par Anicet, « la marque de la bête » intervient dans l’imaginaire haïtien, après la notion des (66) minutes du récit à éviter, pour défier même dans le mensonge du père Anicet qui parle de honte et du front tandis que l’évêque remarque le sceau qui lui brûle…. La Bella prise au piège avec Rosana, trouve la rémission par la faute du commissaire pervers qui endosse ses péchés de prostituée en l’enlevant de chez un hougan intellectuel. Le commissaire succombe ainsi face à l’immortalité d’un Sully pécheur non repenti régénéré du karma, dès l’enfance, par le lait tété d’une chienne donnant naissance, en cavale. Mystère effrayé qui meurt en second tour, on ne dort pas près de ti St.Pyè, sauf le fou sur un arbre à la belle étoile. Rien de tout cela n’est réel.
Curiosité chez l’auteur. Il fait passer un silencieux combat politique pour lequel il assassine bons, faux, méchants, tel un christ politique apocalyptique qui régénère la pensée politique de son pays de naissance. Raison pour laquelle il se commet d’ailleurs en faute d’épilogue depuis le temps du dénouement à venir, intervention prématurée du médecin philos dans une affaire d’ethnologie et de politique. Gary Victor a ainsi livré Nuits Albinos, après Alphabet des Nuits de Jean-Euphèle. Un an après il est étudié dans un cursus universitaire anglophone de premier cycle, en traduction. Cadeau bien mérité, parcours du combattant, jeu du hasard ? Je lui souhaite de relâcher son chien dans la réalité d’écrivain plus qu’en une nuit albinos. Valeur !